Elle a mauvaise presse la Renouée du Japon, cette plante dite invasive est souvent invoquée comme prétexte à de grandes campagnes d’éradication parfois très polluantes et très couteuse pour le contribuable, mais surtout très inefficaces, voir contre-productives !
C’est vrai qu’elle se répand très vite et prend la place de nombreuses espèces locales, elle a aussi amené avec elle une fourmi, Lasius Neglectus, toute aussi problématique pour les concurrentes autochtones.
Elle a pourtant de multiples vertus, et nous ferions bien d’essayer de comprendre la cause de sa présence et sa réelle fonction dans l’écosystème avant d’agiter la psychose de l’invasion !
En effet, elle avait été introduite en Europe une première fois au moyen-âge en tant que plante fourragère, sans poser de problème, à l’époque elle ne s’était pas répandue, c’est seulement au cours du XXème siècle qu’elle a gagné sa réputation d’invasive. Preuve que ce n’est pas elle qui est en cause mais bien le terrain qui a changé. Elle n’est en réalité qu’un symptôme d’un problème plus profond. Mais c’est un fait ancré dans les cultures occidentales, nous préférons combattre les symptômes dans des luttes interminables et perdues d’avance plutôt que de chercher à comprendre les causes et à rétablir les équilibres.
Car elle a une propriété étonnante cette plante, elle adore la pollution !
Dans la nature il s’agit d’une plante « pionnière », la première à pousser après une coulée de lave volcanique, lieu chargé en métaux, et elle va transformer ce sol pour le rendre à nouveau végétalisé. Le cycle peut durer plusieurs dizaines d’années, mais au final elle laissera sa place à un couvert forestier qui causera sa régression puis sa disparition.
C’était à l’origine le seul endroit où elle s’épanouissait vraiment, et elle était en équilibre avec le reste de l’écosystème dans un cycle où les plantes ne sont pas concurrentes mais complémentaires.
Mais les pollutions massives déversées par l’industrie récente ont multiplié les lieux riches en métaux toxiques pour les autres plantes. La renouée a ainsi trouvé de nouveaux terrains pour proliférer, il suffit d’observer comme elle adore les anciens sites industriels, les décharges sauvages et la proximité du goudron, pour comprendre son énorme intérêt en tant que plante dépolluante des sols. Elle joue son rôle de pionnière tant que les métaux sont présents tout simplement. Sur les premiers sites industriels ou elle s’est développé de manière invasive au Japon, elle a fini par régresser naturellement et à laissé sa place aux espèces d’origine.
Outre cet intérêt de plante dépolluante qui lui promet un bel avenir, nous en avons testé quelques autres :
Le principal usage de cette plante est alimentaire, elle fourni un excellent légume frais et croquant quand elle est encore jeune et ressemble à de grosses asperges. Il conviendra alors de choisir les sites les moins pollués, là où elle est présente depuis plusieurs années, et où vous êtes surs qu’il n’y a pas une friche industrielle encore fraiche en dessous… pas facile à trouver ! Dans le doute consommez-en peu, une ou deux fois par an quand c’est la pleine saison vers le mois d’avril, en complément d’une alimentation variée et détoxifiante.
Crue elle a un goût acidulé proche de la rhubarbe, elle peut donc être cuisinée en « fruit », épluchée et coupée en tronçons, ou bien pressée pour obtenir un jus très gouteux avec lequel vous pourrez faire sirops et gelées.
Si vous faites bouillir les jeunes pointes épluchées à la façon des asperges elle vont devenir vertes et vont perdre peu à peu leur acidité et leur croquant pour devenir fondantes et se rapprocher d’un goût d’épinard, à vous de voir si vous préférez les garder légèrement croquantes et acidulées pour obtenir un meilleur effet et servez les soit chaudes, sautées à la poêle en accompagnement, ou froides avec une huile ou une vinaigrette.
Laissez libre court à votre imagination …
Un autre usage, cette plante est mellifère, elle fleurit tard en septembre quand les abeilles manquent de fleurs, et elle donne un miel foncé et corsé.
Elle peut toujours bien-sur être utilisée comme plante fourragère, particulièrement apprécié des chèvres des fossés qui peuvent vous ratiboiser un bosquet de manière beaucoup plus efficace que n’importe quel désherbant chimique. Une occasion rêvée de réintroduire cette race de chèvre presque oubliée en France.
Elle a également un intérêt médicinal. Sébastien Hermann, naturopathe diplômé nous décrit quelques-une de ses utilisations et contre-indications :
Côté médicinal, c’est surtout une infusion/macération de la racine (rhizome plus exactement) que l’on utilise. Elle est Riche en anti-oxydants (les même que dans le vin!!), avec des propriétés anti-inflammatoire, protecteur vasculaire, diurétique et expectorante , on lui attribue aussi de nombreuses autres propriétés au Japon… comme analgésique local par exemple ( mais j’ai une préférence pour mon plantain vosgien …)
Toutefois, retenez 2 précautions:
– cette plante contient de l’acide oxalique qui lui donnera un petit goût de rhubarbe apprécié, mais qui sera donc à consommer avec modération pour les arthrosiques, goutteux…
– elles aime les endroits humides , mais faites attention à ce que ce ne soit pas un lieu pollué…
Enfin nous envisageons au sein d’Epinal en Transition d’exploiter les tiges sèches, ces fameux « bambous » qui font de superbes tiges creuses et solides faciles à découper pour réaliser de superbes hôtels à insectes et favoriser la biodiversité. Pour cela rendez-vous l’hiver prochain !