Ungersheim-village en transitionSamedi 26 septembre, 4 membres des Villes et Territoires en Transition vosgiens – Noël Mougeolle, Président de Xertigny en Transition ; Charlotte Scheyer, Présidente de la Transition d’Ici ; Chrisitne et Léo, membres du CA d’Epinal en Transition – se sont rendus à Ungersheim, village en transition. Dans le cadre des rencontres de la Journée Nationale de la Transition Citoyenne, le maire de la commune, Jean-Claude Mensch, a invité Rob Hopkins, l’initiateur du mouvement international des Villes et Territoires en Transition, afin d’inaugurer plusieurs projets menés par la municipalité, et pour y tenir une conférence sur la Transition.une-eolienne-au-trefle-rouge

Ce qui suit est raconté par Chrisitne :

Compte rendu de la conférence de Rob Hopkins, Ungersheim, samedi 26 septembre 2015

Arrivés après 2 h 30 de route : première approche dans la salle avec les stands de nos collègues alsaciens en transition, notamment Florival en Transition. Echanges de mails avec différents groupes, puis attirée par un stand, je m’arrête, je lis. Une conversation s’engage avec une diététicienne (comme moi !) qui s’appuie sur sa formation professionnelle de base, et ses convictions pour faire des ateliers cuisine – sensibilisation – éducation nutritionnelle à Colmar, ou comment cuisiner, consommer local, les légumes, les céréales, les légumineuses, les graines, avec moins de protéines animales, forcément un peu bio un peu végétarien mais sans se prendre la tête. C’est pour cela qu’elle est là dans un mouvement en transition. Il est temps d’aller prendre une chaise et de s’installer dans la salle de conférence. Dans le couloir est exposé le projet d’Ungersheim.

L’histoire commence en 2009. La mairie lance une démarche de diagnostic – réflexion – projet, de développement local (impliquant largement les habitants) en vue de réutiliser les friches industrielles des anciennes mines de potasse d’Alsace. Je retiens ces quelques mots. Cette démarche participative s’appuie sur le concept « d’autonomie intellectuelle ».

C’est un projet global qui peu à peu voit le jour : jardin potager bio – entreprise d’insertion –sentier de découverte ; cuisine – restauration scolaire – conserverie bio. Projet 2015 et suivantes : création d’une ferme des natures et des cultures. A suivre …

 

La conférence peut commencer. Rob Hopkins parle en anglais, avec traduction approximative d’un alsacien. Il s’appuie sur un diaporama issu de son dernier livre[1].Rob Hopkins conference 2

Voici quelques exemples d’initiatives de transition qu’il présente :

Ville de Brixton : Au départ, une initiative de construction de panneaux solaires voit le jour grâce à des investisseurs et habitants de logements individuels issus des classes moyennes. Puis, cette initiative touche un quartier populaire. Les habitants de logements sociaux ont la possibilité d’acheter aussi des actions dans cette entreprise à leur niveau et d’installer des panneaux sur leur immeuble.

« Repair café » ou café de réparation : Pendant que l’un répare le matériel de l’autre, celui-ci reste avec lui, lui parle, lui raconte des choses. C’est cet échange particulier, « unique », qui compte pour Rob Hopkins : lien social, possibilité de devenir « vrais amis » au lieu d’uniformisation, place aux possibles. Cette rencontre entre univers très différents ne se ferait pas autrement, dans une organisation de la société classique, avec commerces et spécialistes.

Ferme maraîchère « patchwork » à Londres : Les espaces de jardins cultivés pour la ferme sont éparpillés dans le quartier autour de Chrystal Palace. Ce sont des parties de terrains de propriétés individuelles, dans des jardins privatifs autour de maisons. La personne chargée de la ferme passe chercher les légumes et les vend sur le marché. Pour ces jardins en ville, un groupe de 13 personnes, ce n’est pas trop ambitieux et en même temps ça oblige à sortir, à frapper à la porte de ses voisins pour arriver à ce nombre.

Exeter Pound RugbyRob Hopkins cite de nombreux exemples avec monnaie locale qui ont permis de redynamiser et de relocaliser leur économie respective : une où le maire perçoit ses indemnités totalement ainsi, une où l’on peut acheter avec ses places de matchs pour la Coupe du Monde, ou une avec un portrait de David Bowie apposé sur les billets de monnaie !Brixton Pound

En dehors de la monnaie locale, le financement des projets lui semble essentiel. Il donne comme exemple dans sa ville de Totnes et à Brixton, l’organisation annuelle de « forums » entrepreneurs, espaces de rencontres entre porteurs de projets et investisseurs.

Questions – échanges avec la salle

  1. Remarque sur le fait qu’aucune allusion sur le pic pétrolier n’apparaît dans ses explications. En effet, Rob Hopkins confirme qu’il ne fait plus le lien. Lorsque la transition a commencé, c’était une réponse à ce risque. Aujourd’hui, il pense que les initiatives de transition émergent quelque part « parce que c’est fantastique, ça contribue à relier les gens, à changer les choses localement ». La meilleure approche est donc de partir de cette recherche d’échanges. L’urgence pour lui, est de lutter contre « l’épidémie d’isolement ou de solitude » – « loneliness » en anglais – issue de notre modèle de société fondé sur la mondialisation. Il cite le dernier livre de Naomi Klein[2]. En tant qu’êtres humains, les gens aspirent à des échanges authentiques, hors de la marchandisation – mondialisation.
  2. Souvent, on dit qu’il n’y a pas de transition tant qu’on reste dans une société capitaliste ou consumériste. Mais si on attend cela on ne fait rien. Et ce n’est pas parce que 13 personnes d’un quartier s’engagent dans un projet, qu’elles doivent avoir l’impression de « renoncer à quelque chose ». Le lien social c’est ce qui se voit, c’est à partir de cela que les gens entrent dans cette dynamique. C’est ce lien l’urgence aujourd’hui.

Ce fut une soirée enrichissante, qui permet de relancer notre réflexion.

Voici une vidéo de présentation d’Ungersheim en Transition

Et enfin, pour donner envie d’aller plus loin, voici un résumé de la biblio, des livres cités. Les critiques sont issues du magazine Alternatives Economiques.

Ils changent le mondeRob Hopkins Ils changent le monde! 1001 initiatives de transition écologique, Les Editions Seuil, 2014, 208p.

Voici la critique tirée d’Alternatives Economiques. « En tournant la dernière page de ce livre, on se met à penser autrement. On est convaincu que la transition écologique, chacun d’entre nous, avec ses amis, ses voisins, son quartier, ses moyens, peut y contribuer et se l’approprier. Non comme un devoir à remplir, mais comme du bonheur et de la convivialité à construire ensemble. C’est peut-être moins le nombre de capteurs solaires installés ou de kilos de carottes bio produites qui compte que le fait d’inventer par nous-mêmes des solutions et de recréer du lien. Toutes ces initiatives racontées par Rob Hobkins, l’un des fondateurs du mouvement « Villes en transition », contribuent à construire « par le bas » la démocratie sans laquelle la transition écologique n’avancerait pas. Ce livre ne fait pas que raconter, il réjouit et donne envie d’agir. Et propose en prime des tas de conseils et d’outils pour s’y mettre. »

tout peut changerNaomi Klein Tout peut changer : Capitalisme et changement climatique, Les Editions Actes Sud 2015, 640 p

« Naomi Klein déconstruit avec sa lucidité et sa rigueur habituelles les mythes qui parasitent le débat sur le climat et constituent autant d’obstacles à l’action : non, le marché ne nous sauvera pas ; oui nous pouvons tourner la page des combustibles fossiles à condition d’accepter de limiter le pouvoir des multinationales et de repenser le fonctionnement de nos sociétés et de nos institutions. Elle montre également que la bataille pour la transition vers des sociétés justes et durables est largement engagée. Les mobilisations sociales pour la justice climatique ouvrent en effet la voie vers une transformation radicale de nos sociétés : changer le monde plutôt que le détruire. »

[1] Rob Hopkins Ils changent le monde! 1001 initiatives de transition écologique, Les Editions Seuil, 2014, 208p.

[2] Naomi Klein Tout peut changer : Capitalisme et changement climatique, Les Editions Actes Sud 2015, 640p

Hopkins+Mensch

Rob Hopkins avec le maire d’Ungersheim, Jean-Claude Mensch

Vous pouvez également consulter le compte rendu de la visite à Ungersheim et de la conférence de Rob Hopkins sur son blog – en anglais of course !